A l’heure où le Time vient de me nommer (et vous aussi) People of the Year, je me sens mal à l’aise vis-à-vis de la rédaction de ce fantastique magazine. Effectivement, je ne trouve pas la population des blogs et de l’Internet particulièrement remarquable ces derniers temps. Au contraire, tout pourrait me pousser à me “déconnecter”, pour revenir, après 30 mois d’une fantastique expérience, au coeur de la matière des vrais rapports humains. Je n’ai effectivement jamais découvert autant d’abrutis, de décérébrés, de psychodingues et de lâches que sur le Net ces dernières semaines. Parcourez les commentaires et les post de quelques apprentis chroniqueurs (pas chez moi, Dieu me préserve) et vous lirez la misère humaine, le niveau zéro de l’éducation, le néant du savoir-vivre et du respect. Car je ne parle pas que de moi, je parle de vous, de vos blogs, jonchés de plus en plus de mots grossiers et violents, d’attaques, de crachats misérables, d’accusations infondées, de vulgarités abjectes. Promenons-nous... Dans les blogs... Vous y découvrirez aussi la dictature des donneurs de leçons, des aigris, des jaloux, des frustrés, des mesquins, chevaliers du clavier, planqués derrière leur pseudonyme, pensant pouvoir insulter la terre entière sans représailles, se branlant le cervelet avec des théories grotesques sur leur connaissance de l’humain, des réseaux, de l’Internet, des Médias, de Dieu, des gens, de moi, et de tout ce qui va avec. Je n’ai jamais été aussi écoeuré de l’Internet que ces dernières semaines et il ne faudrait pas grand chose pour que je décroche, comme ça, pour m’éloigner de cet air vicié et malsain que font peser les tarés sur cette belle aventure. Je réfléchis à un moyen de me prémunir contre la connerie depuis des années, mais il n’y a rien à faire, elle s’accroche et me poursuit. J’aimais bien les blogs au début, les gens se découvraient, se respectaient. Mais les morpions, les pète-couilles et les menteurs sont arrivés et ont mis dehors, sans le vouloir, ceux que j’aimais bien. Car il faut constater que sur l’Internet, comme dans la vraie vie, ce sont toujours les meilleurs qui s’en vont en premier... Il doit y avoir une raison.
Je doute, ces jours-ci, du modèle démocratique numérique, où chacun peut venir traiter l’autre de connard ou de tas de merde sans souci, sans prendre un bourre-pif bien mérité. Combien sont ceux qui, s’ils se trouvaient dans une pièce face à moi ou un autre, oseraient dire en face un dixième des excréments qu’ils chient sur leur clavier. Pas un ! J’en fais le pari. Les Trolls sont des roquets, des chihuahuas, aboyant leur philosophie de comptoir dans la douceur de leur salon, gloussant de leurs maigres pensées, imaginant qu’ils sont Bruce Lee, mais rougissant de honte et baissant les yeux s’ils devaient le dire en face... La vie en face à face me tend les mains à nouveau, comme si le charme des blogs était rompu et que le grand troupeau de la connerie humaine avait pris possession de ce fantastique terrain de jeu, comme d’habitude...
Mais non, je ne quitte pas mon blog parce que, malgré tout, ma liberté d’expression, mon envie de m’amuser, le besoin de rencontrer des gens biens (ça existe aussi), sont supérieurs à l’abandon programmé, trop évident, vers lequel devrait normalement me conduire la misère humaine qui règne sur le Net en cette fin d’année. Je ne veux pas abandonner le navire mais je cherche sincèrement une solution pour limiter la connerie et l’empêcher de pénétrer dans mon espace vital. Je sais qu’il suffirait pour cela de ne pas lire les autres, mais c’est ça le plaisir, découvrir d’autres personnes, des façons de vivre, des tendances, des idées et même parfois du talent. Mais à chaque fois, ça revient comme de la glue, la connerie, entre les lignes. Je me refuse à fermer les commentaires, à modérer, et je déteste supprimer le passage de quelqu’un ; mais ça m’arrive, de plus en plus. Non que je ne supporte pas la critique, au contraire. Mais je ne supporte pas l’irrespect, c’est ainsi, je suis comme ça. JE NE SUPPORTE PAS les insultes, les mots faciles et l’attitude de celui qui croit savoir, qui pense avoir raison, qui te connaît mieux que personne. Cela me rend dingue.
Alors chers visiteurs, dans la joie de Noël, chantons “Seigneuuuuuuuur, tu es grand tu es beauuuuuuu...”. Ah non, c’est vrai, j’oubliais, je ne crois pas en cela non plus. Chier.
(Faut pas s’inquiéter. Cela fait un bien fou et c’est cyclique. Comme dirait Virenque.)
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